Dans cet article, je vais revenir sur mes deux expériences personnelles en tant qu’assistante de langue française à l’étranger via le programme de France Education International (FEI). La première était au Canada en 2023-2024 et la seconde était en Bulgarie en 2024-2025. Bien que les deux expériences aient été faites via le même programme, elles ont été drastiquement différentes. Je trouvais alors intéressant de montrer qu’un même programme pouvait offrir une grande diversité d’expériences.
Mon expérience au Canada (2023-2024)
Comment j’ai candidaté à mon poste d’assistante au Canada
Le site de FEI offre une plateforme plutôt intuitive, qui s’appelle ADELE. On y retrouve tout notre dossier de candidature, découpé en 5 étapes. Il faut simplement remplir nos informations personnelles, nos études secondaires et supérieures, choisir son premier et second choix de destination, mettre en avant nos atouts avec une lettre de motivation, puis il faut passer un entretien qui permettra à l’organisme d’évaluer la force de notre candidature.
J’ai commencé ma candidature en Janvier 2023, pour un départ prévu en août 2023, soit huit mois à l’avance. Je me présentais à l’époque comme étudiante, ce qui est le profil de la majorité des candidats au programme. Après avoir renseigné tout mon dossier, la plateforme m’a indiqué de prendre contact avec une personne représentant le département de mon établissement scolaire, dans lequel je réalisais mes études. Parfois, la plateforme transmet elle-même les coordonnées de personnes ayant déjà évalué précédemment des candidats pour le programme. Autrement, on vous donne l’option de contacter vous-même un enseignant, qui pourra s’inscrire sur la plateforme et vous évaluer. Cela ne nécessite qu’une petite manipulation supplémentaire de la part du professeur évaluateur.
Une fois l’entretien passé, et le dossier complet, on valide la candidature et on attend. Le processus est parfois un peu long, cela dépend des pays. Dans le cas du Canada, j’ai reçu une réponse en mi-avril 2023, soit quatre mois plus tard.
Contexte du programme FEI au Canada
Encadrement du programme par l’Ambassade
Le programme FEI au Canada est encadré par l’Ambassade de France au Canada. Avant le départ, les futurs assistants ont eu droit à une réunion d’information. Dans cette réunion, on nous a transmis toutes les informations concernant notamment la demande de visa, l’organisation du système scolaire au Canada, ainsi que quelques informations pratiques sur la vie sur place. La demande de visa se faisait à titre individuel, avant le départ, mais en cas de problème, nous avions des contacts au sein de l’Ambassade de France et de FEI pour nous guider.
Organisation du système scolaire au Canada
Le système scolaire au Canada s’organise en districts, équivalents des rectorats français. Ces districts gèrent tous les établissements scolaires publics d’une zone géographique donnée, allant de la maternelle, primaire (elementary school) au lycée (high school). Le Canada étant un État fédéral, les districts sont sous la gouverne de la province dont ils font partie. Dans mon cas, j’étais dans le sud de la province du Nouveau-Brunswick, dans le District Scolaire Anglophone-Sud, dans un lycée de la petite ville de Quispamsis.
Le Nouveau-Brunswick étant la seule province bilingue du Canada, on y trouve des programmes de Français Immersion, où les élèves peuvent commencer leur apprentissage du français dès l’école élémentaire. L’apprentissage du français comme langue seconde y est obligatoire pour tous les élèves. C’est au choix des parents de faire commencer cet apprentissage plus ou moins tôt à leurs enfants. Dans le lycée où je travaillais, j’intervenais essentiellement auprès des élèves en Français Immersion Tardif, qui avaient commencé le français en Grade 6 (collège – 6ème) et en Français Immersion Anticipé, où ils débutent l’apprentissage en Grade 3 (primaire – CE2). J’avais également des cours avec des élèves en Programme Intensif de Français (PIF), où ils débutent leur apprentissage du FLE à leur entrée au lycée (Grade 9). Le contrat que j’avais avec le district scolaire comprenait 25 heures de travail par semaine, dont 5 heures de préparation minimum.
Mon expérience du 1er semestre au Canada

Le programme FEI était nouveau cette année-là au Nouveau-Brunswick, donc les écoles ne savaient pas précisément à quoi se limitaient nos responsabilités, ni même quelles étaient les missions qui devaient nous être attribuées. Le district scolaire lui-même ne savait pas vraiment guider les écoles, ni les assistants. Donc le début a été très tranquille.
Nous étions deux assistantes dans mon lycée, nous partagions notre temps entre l’observation de cours et la création de supports pédagogiques pour accompagner des activités que nous proposions dans les différentes classes de français. Lors de ce premier semestre, nous avons eu le temps d’apprendre à connaître nos collègues francophones, de nous familiariser avec le système scolaire canadien, tout de même très différent du système français, et également de reconnaître les élèves des classes dans lesquelles nous intervenions le plus. Nous n’avions pas suffisamment de charge de travail donc nous avons fini par prendre part à des activités bénévoles au sein du lycée, comme encadrer la chorale, ou encore chaperonner un voyage scolaire dans la province du Québec.
Mon expérience du 2e semestre au Canada

Au second semestre, l’équipe dirigeante de l’école a demandé à tous les enseignants du lycée s’ils pouvaient bénéficier d’un assistanat de notre part dans leurs classes. En fonction des réponses des divers enseignants, nous avons donc reçu des classes attitrées selon nos centres d’intérêt. D’assistantes, nous sommes devenues co-enseignantes. Cela a permis d’avoir un suivi tout au long du semestre et la création d’une véritable relation professeur-élèves puisqu’il y avait une régularité dans notre présence en classe. Je suis notamment intervenue dans des classes de FLE, mais également dans une classe de gestion de projet enseignée en français, dans une classe d’arts plastiques et une classe d’éducation en plein-air.
Même si cela ne correspondait pas exactement aux missions auxquelles je m’attendais en tant qu’assistante, cette opportunité m’a permis de vraiment expérimenter tous les aspects de l’enseignement au Canada, d’avoir plus de responsabilités et de ne plus être uniquement observatrice mais bel et bien enseignante.
Quelques informations pratiques sur le Canada
Le Canada ne faisant pas partie de l’Union Européenne, leur système est fédéral et complètement différent de celui de la France. Il faut s’y attendre, c’est beaucoup de paperasse. Pour les assurances, les banques, l’immigration, les impôts, etc. – toutes ces choses-là, ce sont les assistants eux-mêmes qui s’en chargeaient. Selon les provinces d’affectation, nous avions un accompagnement plus ou moins poussé dans ces démarches. Au Nouveau-Brunswick, les assistants sont embauchés par le district scolaire, au même titre que tous les enseignants canadiens ; ainsi, une personne du district scolaire était missionnée pour accompagner les assistants dans certaines démarches. Nous avons aussi eu droit à des journées de formation pour mieux comprendre notre rôle et où diverses ressources pédagogiques nous étaient fournies.
Mon expérience en Bulgarie (2024-2025)
Comment j’ai candidaté à mon poste d’assistante en Bulgarie
Contrairement à l’année précédente où je me présentais comme étudiante, pour cette nouvelle candidature, j’ai postulé en tant qu’ancienne assistante. Cela permet, lors de la création du dossier sur la plateforme ADELE de FEI, de ne pas avoir à passer d’entretien avec un enseignant évaluateur. Pour la Bulgarie, j’avais donc uniquement la nécessité de prouver mon niveau de langue en anglais, ce que j’ai justifié par mon séjour au Canada, et d’une lettre de recommandation de la part d’une personne représentante de l’établissement dans lequel j’avais réalisé mon premier assistanat. Le processus de candidature était bien plus simple, surtout qu’il m’était familier. Les candidatures se sont prolongées jusqu’à fin mars 2024 et j’ai reçu la confirmation de mon affectation en juin 2024.
Contexte du programme FEI en Bulgarie
En Bulgarie, le programme est encadré par l’Institut Français en Bulgarie, rattaché à l’Ambassade de France. Une réunion d’accueil avait été organisée par l’Institut. Elle a eu lieu à Sofia en septembre, quelques jours avant la prise de poste de tous les assistants. Le logement sur place et le transport de l’aéroport à l’hôtel étaient pris en charge et organisés par l’Institut. Lors de cette réunion, il nous a été expliqué plus en détail ce qui était attendu des assistants dans les écoles d’affectation, les divers avantages auxquels nous avions droit, et quelques infos pratiques sur les démarches qui devaient suivre notre arrivée. L’Institut organise également un certain nombre d’évènements culturels au cours de l’année scolaire, le programme nous a été présenté et les assistants sont vivement encouragés à y prendre part.
Tout comme au Canada, j’ai été affectée à un établissement du secondaire. Les classes représentées dans le secondaire en Bulgarie sont de la 8ème à la 12ème (équivalent de la 4ème à la terminale en France). Mon lycée, dans la ville de Varna, était un lycée bilingue francophone, avec le label LabelFrancEducation, où j’intervenais auprès des classes francophones de 8ème et 9ème. J’avais un contrat de 19 heures d’enseignement par semaine avec le lycée. Je sais que d’autres assistants partageaient leur temps entre plusieurs établissements, et que la majorité intervenaient dans le secondaire ou à l’université.
Mon expérience du 1er semestre en Bulgarie

Il s’agit en fait du seul semestre que j’ai passé en Bulgarie, car contrairement au Canada, je n’ai pas été au bout de ma mission dans ce pays. Les raisons de ma démission étaient multiples, mais surtout liées à un manque de temps puisque je devais gérer à la fois mon travail en Bulgarie et les cours de mon master 2 en didactique du FLE. J’ai donc passé un seul semestre en Bulgarie, où je travaillais avec deux niveaux différents.
Tout d’abord, je travaillais avec les 8èmes. Même s’ils étaient débutants en français, ils avaient en tout 18 heures de français par semaine. J’intervenais 2 heures par semaine dans chacune des classes. Je travaillais beaucoup en collaboration avec les enseignants principaux de 8ème année, qui me transmettaient le suivi de ce qu’ils avaient vu dans leur cours et je m’occupais de créer des activités de mise en pratique avec les élèves. Le but était surtout de les faire pratiquer à l’oral et de favoriser leur compréhension.
Dans les classes de 9ème année, après une année intensive en français, ils ont le niveau B1. Je travaillais également en collaboration avec leur professeur principal, mais j’avais beaucoup plus d’autonomie. L’enseignement est plutôt traditionnel en Bulgarie, souvent basé sur le suivi pur et dur d’un manuel. Je cherchais justement à casser un peu ce rythme en proposant des activités en groupe, créatives ou ludiques pour apporter aux élèves un autre aperçu de ce qu’était l’apprentissage d’une langue étrangère. Bien qu’ayant le statut d’assistante, parfois appelée stagiaire ou lectrice, j’étais bel et bien enseignante, puisque j’intervenais seule dans mes classes. Je préparais mes cours en complète autonomie et je devais suivre le programme de l’enseignement bulgare.
Quelques informations pratiques sur la Bulgarie
Le programme étant encadré par l’Institut Français, tous les assistants bénéficiaient d’un véritable accompagnement. L’Institut s’était assuré qu’un salaire correct soit alloué et la grande majorité des établissements d’accueil fournissaient le logement à l’assistant, logement généralement gratuit, hors charges. La Bulgarie faisant partie de l’Union Européenne, l’immigration est simplifiée, il faut simplement faire une demande de séjour dans le pays.
Chaque assistant est accompagné par un professeur-tuteur de l’établissement d’accueil qui est là pour aider dans toutes les démarches administratives et également, si nécessaire, dans le cadre du travail. C’est essentiel, notamment pour les assistants, comme moi, qui ne parleraient pas bulgare.
Dans les classes, faute de pouvoir communiquer dans la langue maternelle des élèves, je parlais principalement en français, mais si nécessaire, notamment avec les classes débutantes, je passais par une troisième langue : l’anglais.
Conclusion
Deux assistanats et pourtant deux expériences très différentes. Le Canada comportait son lot de difficultés avec les nombreuses démarches administratives, mais les missions qui m’ont été confiées étaient plus proches que celles que j’attendais pour un assistant. La Bulgarie offrait une proximité géographique qui facilitait certains aspects du séjour mais mes responsabilités étaient bien plus complexes que celles auxquelles je m’attendais dans le cadre d’un assistanat, bien que cela ait été très formateur. Chaque destination offre son lot d’avantages et d’inconvénients, mais le programme d’assistanat reste un excellent tremplin pour entrer dans la vie active et découvrir le métier d’enseignant de FLE et ces expériences ont formé l’enseignante que je deviendrai une fois mon diplôme en poche.
Participer au programme d’assistanat ce n’est que du positif, du moins, de mon point de vue. C’est une bonne première expérience dans l’enseignement, qui offre également l’opportunité de découvrir la culture d’un pays grâce à une pleine immersion et qui offre aussi un certain encadrement grâce aux partenaires du programme présents sur place.